Un Voyage avec Pie Tshibanda, la Voix des sans voix.

   

 

      Vendredi dernier avait lieu notre dernier spectacle de l'année 2015, Pie Tshibanda, seul sur scène pendant presque deux heures, nous racontait dans un récit débordant d'humour et de tendresse, comment il était devenu « Un Fou Noir au Pays des Blancs » en arrivant en Belgique, où il trouve refuge, après un nécessaire exil, et un parcours semé d’embûches.

 

    M’étant glissé au fond de la salle à la faveur du noir au début du spectacle, j'ai écouté Pie Tshibanda nous faire vivre avec une incroyable finesse d'esprit et un véritable talent de conteur, un texte fort, une histoire qui l'est toute autan. Il ne vient pas culpabiliser les gens mais raconter avec inclination son parcours laborieux et la souffrance due à son bannissement. La façon dont Pie Tshibanda formule les choses est tantôt très drôle, tantôt fort touchante. Parfois, des images violentes et glaçantes émergent de son récit, mais d'un mot Pie Tshibanda détend l’atmosphère, faisant fi des rancunes et des haines. En effet, il ne se pose pas en victime au cours de son récit captivant, c’est ce qui lui a donné la force de surmonter toutes ces épreuves. C’est avec un grand discernement qu’il scrute son passé, et c’est de cette expérience qu’il tire sa sagesse faisant de lui « la voix des sans voix ».

 

     J'ai senti la salle attentive tantôt émue, tantôt hilare, alternant entre gravité et amusement, écoutant parfois dans un silence quasi-religieux les moments de drames ou s'esclaffant des situations drolatiques dues au choc des cultures. Un choc nécessaire selon moi pour ne plus considérer l'autre comme un ennemi naturel, mais afin que l'étranger redevienne un homme libre, une chance de découverte et ainsi essayer de bâtir des passerelles entre deux cultures.

 

    Pie Tshibanda termine son seul en scène par une série de questions-réponses avec la salle, qui à mon grand soulagement a beaucoup participé. Le public s’est retrouvé ensuite très nombreux à la séance de dédicaces, dans notre hall, où Pie proposait ses ouvrages. Tout le monde y allait de son mot gentil et chacun lui disait à quel point il avait été touché.

 

              A coup sûr un spectacle dont on ne sort pas indemne.

 

 


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